Une équipe
d'astronomes travaillant avec le Very Large Telescope Interferometer
(VLTI) de l’ESO a réussi à résoudre la répartition du nuage de
poussière entourant deux étoiles qui retenaient déjà l'attention des
scientifiques en raison de leur spécificité.
Dirigée par
Olivier Chesneau, astronome du laboratoire Lagrange à Nice (France),
l'équipe internationale a découvert dans les deux cas la présence
d'un disque de poussière aplati, conséquence directe de la fusion de
deux étoiles. Mais pour la première fois dans cette observation, les
disques ont pu être observés et résolus spatialement juste après
l'évènement qui les a engendrés.
Même si notre
galaxie se compose de plus de 100 milliards d'étoiles, surprendre un
tel phénomène est excessivement rare. Mais il est encore plus rare
de pouvoir observer ce qui se passe juste après la fusion, et de
pouvoir détailler l'objet ainsi formé, véritable "étoile hybride".
Ces étoiles
hybrides sont surnommées par les astronomes les "Novae rouges", car
la fusion des deux astres primaires laisse derrière elle une étoile
centrale géante rouge. Outil idéal pour étudier ces objets grâce à
sa très haute résolution spatiale, le VLTI a permis l'étude de
l'environnement très proche de ces deux étoiles après leur fusion,
ainsi que, dans d'autres cas, juste avant (HR5171, surnommée
l'"étoile cacahuète", aussi décrite par Olivier Chesneau).
Avec V838 Mon et
V854 Cen l'avancée est significative, car ces deux observations
confirment directement pour la première fois que de telles fusions
engendrent un disque de poussières. Or cette observation permet
d'expliquer la formation des nébuleuses bipolaires, une catégorie
très particulière de nébuleuse qui montrent deux lobes opposés,
parfois en forme d'ailes de papillon. En effet, la surdensité de
matière au niveau de l'équateur a pour effet de ralentir les vents
de matière dans cette direction, favorisant ainsi une éjection
polaire de la matière. De tels disques peuvent aussi aider à la
création de poussières.
V838 Mon
pourrait aussi apporter des réponses à d'autres questions encore
irrésolues sur la fusion d'étoiles. Début 2002, cet astre jusque-là
dénué d'intérêt s'était fait remarquer par une suite d'éruptions
spectaculaires n'obéissant à aucun processus connu, comme les
évènements qui conduisent à la formation de novae ou supernovae.
Suite à l'étude qui en a été accomplie, les scientifiques avaient pu
conclure qu'il s'agissait vraisemblablement du prototype d'une
nouvelle classe d'objets, nés de la fusion de deux étoiles
distinctes.
V854 Cen est une
étoile de type R Corona Borealis, une étoile riche en hélium dont
l'éclat s'atténue sporadiquement de plusieurs magnitudes. Ces
éclipses sont probablement dues à des nuages de poussière passant
juste devant l'étoile. Personne ne sait exactement d'où viennent ces
nuages de poussière, et s'ils exercent une influence sur l'évolution
du système. Les astronomes sont d'accord aujourd'hui pour dire que
ces nuages se forment à proximité directe de l’étoile, mais où
exactement, cela reste un mystère. Ces étoiles sont aussi
probablement formées suite à la fusion de deux étoiles.
Sources : V838
Monocerotis: the central star and its environment a decade after
outburst
>> Astronomy & Astrophysics
>>
Cornell University Library
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