25 novembre 2014 (mise à jour 29/11/2019)

 

La Lune a échappé à un bombardement nucléaire !

 
Leonard Reiffel
En 1958, les États-Unis ont mis au point un projet secret visant à faire exploser une charge nucléaire à la surface de la lune. L’explosion vue de la Terre aurait dû indiquer clairement à l’Union soviétique qui était le patron de la course à l’espace.

Le projet avait été confié au Dr Leonard Reiffel, un physicien de l'Armour Research Foundation de Chicago, faisant aujourd'hui partie de l'Illinois Institute of Technology, et qui travaillait notamment à cette époque pour le compte de l'armée de l'air américaine. Agé de 87 ans, il est aujourd'hui à la retraite (*)

Il rapporte qu'après le choc subi par les Américains suite au lancement par les Soviétiques du premier satellite artificiel, l'armée de l'air souhaitait vivement regagner la confiance de la population, alors que la toute jeune Nasa n'arrivait pas à égaler les exploits spatiaux du bloc de l'Est et que ses propres fusées explosaient. De plus, l'opinion publique était convaincue que les Soviétiques étaient capables de lancer une arme nucléaire vers le territoire des Etats-Unis alors que ceux-ci ne maîtrisaient pas la technologie nécessaire pour riposter.

Cette étude impliquait une équipe de 10 personnes dirigée par Leonard Reiffel. Les membres du groupe de recherche étaient l'astronome Gerard Kuiper et son doctorant, Carl Sagan, qui était engagé dans la modélisation mathématique de l'expansion d'un nuage de poussière dans l'espace autour de la lune. Les études ont été menées à l'Illinois Institute of Technology à Chicago.

Reiffel et son équipe se sont donc vu confier la mission de réaliser une charge nucléaire d'une puissance équivalente à celle qui a rasé Hiroshima, suffisamment compacte pour être lancée vers la Lune et y exploser. La déflagration aurait dû être aisément visible depuis la Terre, et produire un cratère lunaire ainsi qu'un nuage de poussière qui, suite à l'absence d'atmosphère, aurait pu se répandre rapidement dans toutes les directions au lieu de former un nuage en forme de champignon comme nous l'observons sur Terre.

 

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Le projet portait le nom de code "A119" et avait été développé sous les auspices de l'US Air Force. Pour préserver la confidentialité, le projet s’appelait "Une étude sur les vols de recherche lunaires".

De mai 1958 à janvier 1959, l'équipe a produit plusieurs rapports sur les effets du souffle ainsi que l'ensemble des effets possibles, y compris l'impression visuelle depuis la Terre, selon que l'explosion se soit produite dans une partie éclairée ou non de notre satellite. Un projet de bombe à hydrogène a été retenu, car cette formule autorisait la conception d'une charge à la fois peu volumineuse et légère.

Le Dr Reiffel n'aurait eu aucune responsabilité quant au lancement proprement dit, la bombe étant emportée par un missile balistique intercontinental tel ceux que les Etats-Unis ont commencé à déployer sur tout leur territoire à partir de 1959.

Finalement, le projet a été abandonné lorsque les fonctionnaires de l'armée de l'air ont décidé que les risques de l'opération l'emportaient sur les avantages, notamment en cas d'échec au lancement ou de retombée du missile sur une zone habitée. Mais l'argument décisif dans cet abandon était qu'il n'était absolument pas souhaitable, d'un point de vue scientifique, de ruiner l'environnement naturel primitif de la Lune.

Après cette période, le Dr Reiffel a travaillé à l'Université de Chicago avec le physicien Enrico Fermi, puis plus tard a été nommé directeur adjoint de la Nasa durant le programme Apollo.

Bien que certaines informations aient filtré sous la forme de rumeurs dans le début des années 60, c'est une confirmation que nous apporte Leonard Reifel. Et on peut affirmer que la Lune l'a échappé belle !
 

 

   
 

(*) Le Dr Leonard Reiffel est décédé le 15 avril 2017, après la rédaction originale de cet article.

 
   
 
 
 

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