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Le télescope spatial
Spitzer
a démontré que la galaxie M106 produit environ dix fois moins
d'étoiles que notre propre galaxie, la Voie Lactée. Or, cette
dernière est déjà classée parmi les plus calmes sur ce plan là… Et
Herschel, son homologue européen en orbite autour du point de
Lagrange L2, confirme cette observation dans l'infrarouge : il
trouve très peu de gaz dans M106, 10 fois moins qu’estimé
auparavant. Tout indique donc que cette galaxie a déjà expulsé une
grande partie de ses gaz, ce qui contrecarre la formation de
nouvelles étoiles en son sein.
En cause, un trou noir géant, au moins dix fois plus grand que celui
qui se tapit au centre de notre galaxie, qui attire et accélère la
matière avoisinante constituée surtout de gaz. « Ces
accélérations provoquent un échauffement qui contribue à la forte
luminosité du centre de la galaxie » indique Olivier La Marle,
coordinateur des programmes d’astrophysique au CNES. Sur l'image
produite par combinaison entre les données des différents
observatoires spatiaux, un tourbillon de couleurs plonge au cœur de
la galaxie M106, tandis que la densité des étoiles et du gaz y est
tellement forte que seul du blanc en rejaillit.
« Mais ce qui interpelle le plus dans cette image, ce sont les
bulles bleues observées par le télescope spatial Chandra dans les
rayons X. Elles correspondent aux rayonnements de gaz ionisés dont
les températures atteignent des millions de degrés. Ces amas de gaz
seraient échauffés et chassés progressivement hors de la galaxie par
les jets de particules – des électrons, des protons, mais aussi des
ions – émis par le trou noir. Cette théorie expliquerait pourquoi la
galaxie M106 forme peu d’étoiles puisqu’elle perd son gaz »,
ajoute Olivier La Marle.
Située à 23 millions d’année lumière de la Terre, la galaxie M106 a
été découverte en 1781 par un astronome français, Pierre Méchain. Il
était l’ami de Charles Messier, le créateur du catalogue des objets
du ciel profond qui porte son nom. M106 est d’ailleurs le raccourci
de "Messier 106". |
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