La résistance aux antibiotiques est
un problème de santé important qui affecte tant la propagation des
infections, comme le Clostridium difficile, que les budgets alloués
aux médicaments. Des
chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM)
ont examiné les avantages de prendre une "période de réflexion" lors
de traitements antibiotiques pour réévaluer de manière régulière la
stratégie de traitement suivant l'évolution de l'environnement
clinique. L'étude, publiée ce mois-ci dans le journal
Annals of Internal
Medicine, a démontré que des périodes de réflexions
structurées, utilisant une liste de contrôle en ligne développée
localement, entrainaient une réduction des coûts des antibiotiques
et de l'utilisation de médicaments ciblés. La recherche fait
également état d'une légère baisse des infections à
Clostridium difficile.
"Selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies
(CDC), près de 50 pour cent de l'utilisation des antibiotiques est
inutile ou inappropriée", explique le premier auteur de l'étude,
le Dr Todd Lee, médecin traitant au CUSM et professeur adjoint au
département de médecine de l'Université McGill. "Compte tenu de
cette statistique, et de nos propres préoccupations liées à la
résistance aux antimicrobiens, nous avons décidé de mettre en œuvre
un programme de périodes de réflexions adapté au CUSM et d'en
évaluer son efficacité".
Période de réflexion pour un complément d'examen clinique
L'étude a porté sur 679 patients et a été menée sur une période de
18 mois à l'unité d'enseignement clinique de médecine interne de
l'Hôpital général de Montréal du CUSM. Le concept de la période de
réflexion a été présenté aux médecins et aux stagiaires comme une
occasion d'examiner l'indication, la dose et la durée d'utilisation
des antibiotiques lorsque de nouvelles données cliniques
surviennent. Le personnel a également été informé des directives sur
l'utilisation des antibiotiques et a participé, deux fois par
semaine, à un examen structuré des patients recevant des
antibiotiques. Cette approche a conduit à des changements de doses,
de durée du traitement et de type d'antibiotique prescrit, menant
à des réductions de coûts et à une faible diminution des infections
à C. difficile.
"Notre approche reliait un enseignement précis sur l'utilisation
des antibiotiques à un outil structurel qui analyse et qui guide
cette utilisation", explique l'auteure principale de l'étude, la
Dre Louise Pilote, chercheuse à l'Institut de recherche du CUSM,
directrice du service de Médecine générale interne au CUSM, et
professeure de médecine à l'Université McGill. "Cela pourrait se
traduire par une amélioration des pratiques de prescription. En
général, les médecins ont rapporté que le processus avait amélioré
leur niveau de confort par rapport aux antibiotiques et avait
apporté une valeur clinique".
"Nous espérons que cette approche permettra un meilleur contrôle
sur les antibiotiques et sur les pratiques de prescription, pour que
le taux élevé d'utilisation inappropriée d'antibiotiques
d'aujourd'hui se transforme demain en simple anecdote historique",
ajoute la Dre Lee.
Liens utiles :
>>> Centre
universitaire de santé McGill.
Source principale :
>>> Antibiotic Self-stewardship: Trainee-Led
Structured Antibiotic Time-outs to Improve Antimicrobial Use.
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