En octobre
dernier, la Chine était la première nation à récupérer une sonde
lunaire depuis quarante ans, et cela un an après avoir déposé un
rover sur la Lune. Et avec brio, qu'on en juge : Yutu, ou "Lapin de
Jade", travaillait sur le sol de notre satellite durant neuf mois,
alors que la durée de sa mission n'avait été prévue que pour trois
mois. De son côté, l’Inde est le premier pays au monde ayant réussi
dès la première tentative à placer une sonde de recherche
scientifique en orbite martienne.
Pour la petite
Histoire et à titre de comparaison, nous pouvons nous reporter à la
période 1960 – 2005, correspondant aux mêmes débuts de l'ère
spatiale. 37 sondes avaient alors été envoyées vers la Planète rouge
par les Etats-Unis (17 sondes), la Russie (18 sondes), le Japon (1)
et l'Agence Spatiale Européenne (1). L'essai japonais avait été un
échec, tandis que Mars Express de l'ESA représente le succès que
l'on sait, mais n'est pas le fruit d'un seul état. Sur les 17 sondes
envoyées par les USA, 12 seulement réussissaient leur mission,
tandis que la totalité des 18 sondes soviétiques se soldaient par un
échec… ou un demi-échec pour Mars 3, qui réussissait à se poser mais
se révélait incapable de transmettre la moindre donnée.
Mais il y avait
alors rivalité des deux grands blocs sur fond de guerre froide. Pour
ce qui pourrait paraître à première vue une nouvelle compétition, ou
une course à la puissance, le chercheur indien K.S Radhakrishnan
n’envisage pas le programme spatial indien au plan de la rivalité
des deux géants asiatiques. « Nous ne rivalisons avec aucun pays.
Nous avons nos priorités », a souligné le président de
l’Organisation de recherche spatiale indienne (ISRO).
Le membre
correspondant de l’Académie russe d’astronautique Tsilokovski (Space
Research Institute), Andrei Ionine, partage entièrement
l’opinion de son collègue indien. « Il n’y a pas de faits de
rivalité à l’instar de celle entre l’URSS et les Etats-Unis dans les
années 1950-1960. Il n’existe pas dans l’Espace de dénommée "Grande
course cosmique" entre l’Inde et la Chine. C’est plutôt une
compétition "sportive" qui se déroule, d’ailleurs, dans sur tous les
volets créateurs. C’est une compétition normale des deux écoles
techniques en vue de réaliser des tâches difficiles. Les programmes
onéreux et compliqués d’exploration des planètes du Système solaire,
de l’Espace lointain, de l’astronautique pilotée prescrivent la
nécessité d’une vaste coopération internationale plutôt qu’une
rivalité. L’Espace est un champ le plus compréhensible pour la
coopération des pays concernés, en premier lieu pour l’Inde, la
Chine et la Russie ».
L’expert russe
se montre convaincu que les programmes conjoints d’exploration et
l’Espace contribueront à rapprocher les Etats de la planète. Tout
porte à croire qu’il y aura prochainement de grands projets spatiaux
en format BRICS (*), a dit pour conclure Andrei Ionine.
(*)
BRICS est un acronyme anglais pour désigner un groupe de cinq pays
qui se réunissent en sommet annuels : Brésil, Russie, Inde, Chine et
Afrique du Sud (soit en anglais : Brazil, Russia, India, China,
South Africa). Avant l'ajout de ce dernier pays en 2011, le groupe
était appelé BRIC. Rarement utilisé, l'équivalent français de cet
acronyme est l’ABRIC (Afrique du Sud, Brésil, Russie, Inde et
Chine), BRASIC ou encore BRICA.
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