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Pour les scientifiques, l'Antarctique
présente au moins autant d'intérêt, et soulève autant de questions
que l'Atlantide mythologique pour les historiens. Comment l'étude de
ce sixième continent contribuera-t-elle à prédire, et améliorer, le
futur de l'Humanité ? Comment les hypothétiques formes de vie à
découvrir dans le lac Vostok contribueront-elles à l'exploration de
l'Espace ? Ces questions, et bien d'autres, attendent leur réponse.
Si les changements climatiques dont nous commençons à peine à subir
les conséquences préoccupent beaucoup de monde, l'Antarctique
constitue la base idéale pour les étudier. Selon Vladimir Lepenkov,
directeur du Centre d'études arctiques et antarctiques de Russie,
les résultats des investigations menées dans ce lieu privilégié
seront déterminants pour connaître nos propres conditions de vie sur
Terre d'ici 50 ou 100 ans.
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"L'intérêt pratique consiste dans une
meilleure compréhension des changements climatiques et de leur
influence sur la couverture glaciaire de l'Antarctique, ainsi que de
l'influence de cette couverture glaciaire sur le niveau de l'océan
mondial", affirme le chercheur, qui ajoute : "Ce sont des questions
directement liées à l'existence de l'humanité. Il ne s'agit pas
d'une météo pour demain, mais de prévisions pour l'année prochaine
et à plus long terme. Ces prévisions sont importantes pour
développer les stratégies d'activités industrielles de l'humanité et
celles de sa vie ultérieure sur Terre".
Pourquoi un lieu privilégié ? Parce que ce continent constitue en
lui-même une véritable réserve naturelle, totalement vierge de toute
entreprise humaine polluante, et où les processus globaux relatifs
aux changements climatiques peuvent encore être étudiés en toute
sérénité. Le professeur Valeri Loukine, directeur de plusieurs
expéditions au lac Vostok, déclare : "En Antarctique, les
changements climatiques dépendent des facteurs cosmophysiques et non
pas de l'activité anthropique. Ainsi dans l'hémisphère nord il est
impossible de déterminer les facteurs qui influent en réalité sur
les changements climatiques".
Le lac Vostok a été découvert en 1989 conjointement par des équipes
de scientifiques russes et britanniques. Mesurant 250 kilomètres de
long et 50 kilomètres de large dans ses plus grandes dimensions, le
plus grand des 140 lacs subglaciaires connus en Antarctique est
comparable au lac Ontario, mais trois fois plus volumineux avec
quelque 5400 km³. Totalement isolée du monde depuis 30 millions
d'années et protégée par une épaisseur de 4 kilomètres de glaces,
cette enceinte inviolée nous réserve certainement des surprises
insoupçonnées. Il est à noter que c'est à la surface gelée de ce lac
qu'a été enregistrée la température la plus froide de l'Histoire
connue, avec -90°C en juillet 1983.
Selon Vladimir Lepenkov, l'étude de ce lac immense apportera une
précieuse contribution à la quête d'une vie extraterrestre : "C'est
un réservoir naturel unique, similaire aux lacs subglaciaires sur
d'autres planètes. Son étude est liée aux futures missions
astrobiologiques visant la recherche d'une vie sur les planètes du
système solaire. En outre, les biologistes espèrent trouver de la
vie dans ce lac. Il est possible que cette vie soit unique, jamais
rencontrée sur notre planète".
Résultant de la fonte des glaces, l'eau remplissant ce lac est non
seulement douce, mais absolument pure. On peut même affirmer que
rien de comparable n'existe ailleurs sur Terre. Mais le point le
plus remarquable est que sa teneur en oxygène est 50 fois supérieure
à celle des lacs d'eau douce en surface, ce qui en fait un lieu de
développement idéal pour des organismes. Si des formes de vie y sont
découvertes, elles seront nécessairement très différentes à tout ce
que nous connaissons, de véritables extraterrestres.
Le 1er décembre dernier, une nouvelle expédition scientifique, à
nouveau dirigée par Vladimir Lepenkov, est partie pour le lac
Vostok. Pour la première fois, un prélèvement d'échantillon d'eau
non congelée sera tenté, une expérience qui avait déjà été reportée
à plusieurs reprises afin de pouvoir s'entourer d'infinies
précautions. Et qui sait quels nouveaux mystères l'Antarctique nous
réserve encore… |
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