On en sait un
peu plus sur les conditions d'atterrissage du robot européen Philae
à la surface du noyau de la comète 67P/Tchourioumov-Guerassimenko
(affectueusement surnommée "Tchouri") hier soir. La petite sonde a
fait preuve de malchance, mais surtout de beaucoup de chance…
La procédure
prévoyait qu'au moment de la prise de contact, une rétrofusée
"plaquerait" l'engin au sol afin de l'empêcher de rebondir, et que
deux harpons seraient éjectés afin d'amarrer solidement Philae. En
effet, si la sonde pèse 98 kg sur Terre, son poids est réduit à
environ 1 gramme sous la faible force d'attraction de 67P et un rien
pourrait la faire redécoller. Trois vis d'ancrage devaient encore
renforcer l'ensemble du dispositif.
Durant les
derniers instants de la descente, Philae se trouvait en légère
rotation sur son axe vertical. Puis pour une raison que l'on ignore,
ni la rétrofusée ni les harpons n'ont fonctionné au moment du
contact et l'engin a rebondi. La faible gravité de l'astre
n'opposant pas une force bien importante, trois rebonds ont été
enregistrés durant près de deux minutes, et la sonde a fini par
s'immobiliser à plus d'un kilomètre de l'endroit visé.
Ces rebonds
expliquent les fluctuations des signaux reçus à ce moment. Alors que
la zone d'atterrissage initialement prévue se situait en terrait
plat, Philae s'est finalement posé sur un endroit particulièrement
accidenté, incliné à environ 30 degrés et à l'ombre de ce qui paraît
être une grotte ou une falaise.
Et c'est là que
l'on peut dire que la chance accompagnait Philae dans son odyssée,
car l'engin s'est posé certes fortement incliné, mais debout, ses
antennes restant dirigées vers Rosetta, en orbite autour de 67P,
jouant le rôle indispensable de satellite relais pour les
communications radio avec la Terre.
Un inconvénient
subsiste tout de même : s'étant immobilisée à l'ombre, les panneaux
solaires de Philae ne restent exposés à la lumière qu'environ 1h30
par période de 12 heures, la recharge des batteries sera donc moins
efficace que prévu. Une révision du programme scientifique s'impose
donc afin de consommer le moins d'énergie possible.
Plus gênant, le
non amarrage de la sonde pourrait empêcher l'utilisation du forêt
destiné à prélever un échantillon en profondeur, car la pression
exercée par Philae sur le sol étant insignifiante (1 gamme…),
l'engin entier risquerait d'être entraîné par le mouvement.
Huit des dix
instruments de Philae ont été mis en service, puisant leur énergie
sur une pile devant assurer le fonctionnement avant que les
batteries aient eu le temps de se charger. Les techniciens ont
préféré laisser en veille les deux instruments restants dont le
forêt, ceux-ci exigeant une action mécanique.
Marc Pircher,
docteur en Sciences et directeur du Centre spatial de Toulouse
(Cnes) associé à l'opération, a souligné lors d'une conférence de
presse ce mercredi que bien que le robot ne soit pas totalement
stable, rien n'a été endommagé lors de l'atterrissage et il a déjà
été en mesure de transmettre des informations, notamment sur le cœur
de la comète. Il ajoute que les techniciens n'excluent pas de
stabiliser ultérieurement Philae, éventuellement et déclenchant les
harpons par télécommande depuis le centre de contrôle.
Ce jeudi 13
novembre juste après le lever du Soleil, Philae a transmis une
première image depuis son lieu d'atterrissage où on distingue à la
fois la paroi rocheuse contre laquelle il semble adossé, et un de
ses "pieds". Et dans l'après-midi, la première vue panoramique était
reçue, montrant le paysage aperçu à 360° autour du petit robot.
Revivez ici la conférence de presse du Cnes diffusée en
direct ce jeudi 13 novembre à 13 heures.
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