13 novembre 2014

 

Philae : atterrissage réussi, premières inquiétudes

 

Après s'être séparé de Rosetta ce 12 novembre à 8h 35 mn 33 sec TU (9h 35 mn 33 sec heure de Paris), l'atterrisseur Philae a entamé sa longue descente vers le noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. 28 minutes plus tard, les techniciens au sol recevaient la confirmation de la manœuvre. Mais le contact entre l'atterrisseur et l'orbiteur ne se faisant plus pour une simple question d'orientation, il faudra encore attendre près de deux heures pour recevoir des nouvelles de Philae, incapable de communiquer directement avec la Terre.

C'est finalement avec un grand soulagement que les scientifiques apprenaient que tous les instruments de Philae fonctionnaient et que son train d'atterrissage, composé de trois grandes béquilles, s'était parfaitement déployé. Ce que confirmait d'ailleurs une image bientôt transmise par la sonde.

Sept heures de descente étaient prévues. Il fallut 39 secondes de moins à Philae, qui entrait en contact avec 67P à exactement 15 h 34 mn 54 sec TU (16 h 34 mn 54 sec heure de Paris).

Mais si des signaux étaient parfaitement reçus au centre de contrôle de Darmstadt, ceux-ci se montraient fluctuants, laissant craindre le pire. Philae s'était-il correctement posé, et restait-il stable ? Ne s'était-il pas retourné ? On se rappelle en effet qu'au moment précis où l'atterrisseur entrait en contact avec le sol, deux harpons devaient être tirés vers la surface afin d'ancrer ferment l'appareil, tandis qu'une bouffée de gaz devait être émise vers le haut afin de contrer le rebond.

Très tôt, il apparut que les harpons n'avaient pas fonctionné, bien que Philae soit posé à la surface de 67P. Les fluctuations enregistrées autant dans les communications que dans l'intensité de l'énergie émise par les panneaux solaires alimentant les batteries (qui prendront la relève des piles dans 60 heures) semblent indiquer que l'engin ait atterri sur un terrain extrêmement meuble, ou qu'il ait rebondi lentement avant de se poser à nouveau.

De son côté, Jean-Jacques Dordain, directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), s’est voulu rassurant. «Nous avons une liaison radio avec Philae, ce qui est objectivement très important et la pile fonctionne», a-t-il noté. «Quand vous avez une liaison radio et de l’énergie, vous pouvez collecter des données».

Pendant la nuit, Philae ne donnera pas de ses nouvelles comme prévu, le positionnement de la sonde Rosetta, passée derrière l'horizon, ne permettant pas d’assurer une liaison. Il faudra donc attendre demain pour obtenir les premières images panoramiques prises in situ.

Philae est un véritable petit labo miniature. Il doit forer la surface de l’astre, prélever des échantillons qui seront vaporisés dans un four à 600°C. Mais aussi étudier sa composition chimique, ses caractéristiques mécaniques, sonder sa structure interne… Mais l'engin, d'une masse de 98 kg, ne pèse que moins d'un gramme sur 67P et la plupart de ces opérations mécaniques risquent de déstabiliser l'appareil, voire de le renverser s'il n'est pas correctement ancré, et l'ESA étudie actuellement la possibilité de déclencher tardivement les harpons.

Une chose est cependant acquise : après l'atterrissage de la sonde Huygens sur Titan en 2005, l'arrivée de Philae sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko confère à l'ESA un prestige extraordinaire qui sera encore longtemps envié par bien d'autres organisations spatiales.

L’ESA doit tenir une conférence de presse jeudi 13 à Darmstadt à 14 heures.

 
 

 

Image de Rosetta, prise par la caméra CIVA de l'atterrisseur Philae s'éloignant après la séparation. Crédit ESA.

 
 
 

 

Image de l'atterrisseur Philae s'éloignant, prise depuis la Rosetta. Crédit ESA.

 
 
 

 

Première image de la descente prise par la caméra ROLIS de Philae à 14h38 TU. La résolution est de 3 mètres par pixel. Crédit ESA.

 

 

 
 
 

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