Après s'être
séparé de Rosetta ce 12 novembre à 8h 35 mn 33 sec TU (9h 35 mn 33
sec heure de Paris), l'atterrisseur Philae a entamé sa longue
descente vers le noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. 28
minutes plus tard, les techniciens au sol recevaient la confirmation
de la manœuvre. Mais le contact entre l'atterrisseur et l'orbiteur
ne se faisant plus pour une simple question d'orientation, il faudra
encore attendre près de deux heures pour recevoir des nouvelles de
Philae, incapable de communiquer directement avec la Terre.
C'est finalement
avec un grand soulagement que les scientifiques apprenaient que tous
les instruments de Philae fonctionnaient et que son train
d'atterrissage, composé de trois grandes béquilles, s'était
parfaitement déployé. Ce que confirmait d'ailleurs une image bientôt
transmise par la sonde.
Sept heures de
descente étaient prévues. Il fallut 39 secondes de moins à Philae,
qui entrait en contact avec 67P à exactement 15 h 34 mn 54 sec TU
(16 h 34 mn 54 sec heure de Paris).
Mais si des
signaux étaient parfaitement reçus au centre de contrôle de
Darmstadt, ceux-ci se montraient fluctuants, laissant craindre le
pire. Philae s'était-il correctement posé, et restait-il stable ? Ne
s'était-il pas retourné ? On se rappelle en effet qu'au moment
précis où l'atterrisseur entrait en contact avec le sol, deux
harpons devaient être tirés vers la surface afin d'ancrer ferment
l'appareil, tandis qu'une bouffée de gaz devait être émise vers le
haut afin de contrer le rebond.
Très tôt, il
apparut que les harpons n'avaient pas fonctionné, bien que Philae
soit posé à la surface de 67P. Les fluctuations enregistrées autant
dans les communications que dans l'intensité de l'énergie émise par
les panneaux solaires alimentant les batteries (qui prendront la
relève des piles dans 60 heures) semblent indiquer que l'engin ait
atterri sur un terrain extrêmement meuble, ou qu'il ait rebondi
lentement avant de se poser à nouveau.
De son côté,
Jean-Jacques Dordain, directeur général de l’Agence spatiale
européenne (ESA), s’est voulu rassurant. «Nous avons une liaison
radio avec Philae, ce qui est objectivement très important et la
pile fonctionne», a-t-il noté. «Quand vous avez une liaison
radio et de l’énergie, vous pouvez collecter des données».
Pendant la nuit,
Philae ne donnera pas de ses nouvelles comme prévu, le
positionnement de la sonde Rosetta, passée derrière l'horizon, ne
permettant pas d’assurer une liaison. Il faudra donc attendre demain
pour obtenir les premières images panoramiques prises in situ.
Philae est un
véritable petit labo miniature. Il doit forer la surface de l’astre,
prélever des échantillons qui seront vaporisés dans un four à 600°C.
Mais aussi étudier sa composition chimique, ses caractéristiques
mécaniques, sonder sa structure interne… Mais l'engin, d'une masse
de 98 kg, ne pèse que moins d'un gramme sur 67P et la plupart de ces
opérations mécaniques risquent de déstabiliser l'appareil, voire de
le renverser s'il n'est pas correctement ancré, et l'ESA étudie
actuellement la possibilité de déclencher tardivement les harpons.
Une chose est
cependant acquise : après l'atterrissage de la sonde Huygens sur
Titan en 2005, l'arrivée de Philae sur la comète
67P/Churyumov-Gerasimenko confère à l'ESA un prestige extraordinaire
qui sera encore longtemps envié par bien d'autres organisations
spatiales.
L’ESA doit tenir
une conférence de presse jeudi 13 à Darmstadt à 14 heures.
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