En Suisse, entre
7 000 et 8 000 personnes sont atteintes d'une infection à
Campylobacter chaque année. Elle constitue ainsi la maladie
bactérienne transmise par la nourriture la plus courante. La
contamination de la viande de poulet par des germes de Campylobacter
lors de l'abattage fait partie des causes d'infection connues. On
observe un accroissement du nombre de cas dans toute l'Europe. En
Suisse, cette maladie doit obligatoirement être déclarée.
On constate une
augmentation inhabituelle du nombre de cas à Noël et au nouvel an en
Suisse. C'est pourquoi l'Office fédéral de la santé publique (OFSP),
en concertation avec l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et
des affaires vétérinaires (OSAV), a chargé le
Swiss TPH de
réaliser une étude cas témoin afin d'étudier cette recrudescence
pendant les fêtes.
"Nous
nous appuyons sur les données obligatoire et les enquêtes
téléphoniques enregistrées auprès des personnes infectées",
déclare le directeur de l'étude Daniel Mäusezahl de Swiss TPH.
Les chercheurs
ont interrogé les personnes victimes d'une infection à Campylobacter
entre décembre 2012 et février 2013. Une étude en laboratoire
indépendante avait auparavant confirmé une infection à Campylobacter
chez toutes les personnes interrogées. Au premier plan de l'enquête:
les facteurs de risque, la mise à contribution de moyens médicaux et
l'évolution de la maladie perçue par les personnes interrogées.
Le risque est quadruplé en cas de consommation de fondue à la viande
L'étude a
identifié deux facteurs responsables de l'augmentation du risque
d'infection par des germes de Campylobacter. D'une part, le risque
d'infection est multiplié par quatre lors de la consommation d'une
fondue chinoise. Environ la moitié des infections pendant les fêtes
a été attribuée à cette source.
Dans le même
temps, l'étude montre également que le risque d'infection peut être
réduit par des mesures d'hygiène lors des repas. Dès que les
consommateurs utilisent des assiettes séparées ou compartimentées
pour la viande crue et la viande cuite, le risque se réduit jusqu'à
un facteur 5. De la même manière, le risque d'infection diminue lors
de la consommation de viande préalablement congelée. "Les
infections à Campylobacter seraient pour la plupart évitées par des
comportements appropriés des consommateurs", explique Daniel
Mäusezahl.
D'autre part,
l'étude reconnaît qu'un voyage à l'étranger pendant les fêtes
constitue également un facteur de risque pour une infection à
Campylobacter. Cependant, les voyageurs présentant une diarrhée sont
plus souvent testés pour une infection, ce qui pourrait également
expliquer ce résultat élevé.
Une maladie qui n'est pas inoffensive
Les personnes
concernées ont décrit les infections à Campylobacter comme étant des
maladies graves: sur une échelle de 1 «bénin» à 10 "très grave",
la moitié des patients a donné une note de 8 ou plus aux problèmes
ressentis. Les personnes atteintes se plaignaient surtout de
diarrhée (98%), de douleurs abdominales (81%), de fièvre (66%), de
nausées (44%) et de vomissements (34%). Les patients ont indiqué que
la maladie durait en moyenne sept jours; environ 15% d'entre eux ont
dû se rendre à l'hôpital.
Un problème international
La contamination
de la viande de poulet par les germes de Campylobacter dans
l'industrie de la volaille est un problème de santé publique
international aux conséquences graves. Ainsi dans certains pays
d'Europe et aux États-Unis, la volaille des troupeaux infectés n'est
plus commercialisée que congelée ou après avoir été traitée, par
exxemple avec de l'acide peracétique. Les microbiologistes débattent
également sur l'utilisation de virus bactériens (appelés phages)
comme mesure de prévention possible. Cette mesure combattrait les
germes de Campylobacter au niveau biologique et réduirait aussi le
risque d'infection chez l'homme.
Source :
European Journal of Epidemiology, DOI: 10.1007/s10654-014-9917-0 |