L'Homme n'aura
mis que 25 ans à peine pour détruire ce que la Nature a élaboré en
dix millénaires. Et son triste tableau de chasse n'est pas
anecdotique, car il ne s'agit pas moins que de la quatrième plus
grande mer continentale du monde, la Mer d'Aral.
La Mer d'Aral
est apparue dans sa forme historique à la fin de la dernière
glaciation, voici 10.000 ans, lorsque le Syr-Daria, un fleuve
trouvant sa source dans l'actuel Kirghizstan, a commencé à remplir
une vaste dépression d'origine éolienne. Les eaux de l'Amou Daria,
provenant des montagnes du Pamir, s'y joignent bientôt et une
immense étendue d'eau douce apparaît. Voici environ 5000 ans, la Mer
d'Aral se met en communication avec la Caspienne par l'intermédiaire
de l'Ouzboï, une vallée asséchée, et ses eaux douces sont peu à peu
remplacées par une eau faiblement salée (+/- 125 gr/l), entraînant
un changement de la faune piscicole.
Le niveau de
cette mer intérieure fluctue ensuite au cours du temps en fonction
de l'apport des eaux de l'Amou Daria, qui vont soit alimenter la mer
d'Aral, soit s'orienter vers le lac Sary Kamysh et l'Ouzboï en
fonction de l'évolution du climat et des mouvements géologiques,
comme ce sera le cas notamment entre l'an 1200 et l'an 1550. Durant
cette période, l'étendue de la Mer d'Aral se réduit fortement.
Voici 400 ans,
les Mongols décidèrent de détourner le cours de l'Amou Daria, qui se
jetait alors dans la Caspienne, afin d'exploiter les sables
aurifères qu'il charrie. Bénéficiant à nouveau de cet apport, la Mer
d'Aral reprend ainsi son ancienne configuration et couvre alors une
superficie de 66 458 km² dont 2 345 km² occupés par des îles, longue
de 428 km pour une largeur de 284 km. Elle conservera cet aspect
jusqu'en 1960.
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