Une équipe de
chercheurs de l’Inserm dirigée par Paul Hofman, (Unité Inserm
1081/Université de Nice), vient d’effectuer une avancée
significative dans le domaine du diagnostic précoce des cancers
invasifs. Dans une étude qui vient de paraître dans la revue
Plos One, l’équipe montre qu’il est possible de détecter,
chez des patients à risque de développer un cancer du poumon, des
signes précoces, sous forme de cellules cancéreuses circulantes
plusieurs mois et dans certains cas plusieurs années avant que le
cancer ne devienne détectable par scanner. Cette alerte pourrait
jouer un rôle clé dans la précocité de l’intervention chirurgicale,
permettant ainsi de viser l’éradication précoce de la localisation
primitive du cancer.
Des études
menées chez l’animal ont clairement montré que les tumeurs invasives
diffusent dans le sang des cellules cancéreuses depuis les toutes
premières étapes de leur formation, avant même que les tumeurs ne
soient détectables par un examen d’imagerie. La possibilité
d’identifier ces cellules "sentinelles" est considérée comme un
atout majeur dans la course contre la montre visant à détecter, et
donc à traiter, précocement le cancer. Les cellules cancéreuses
circulantes sont extrêmement rares dans le sang, très hétérogènes et
fragiles, et difficiles à extraire sans biais ni perte.
L’équipe de
chercheurs dirigée par Paul Hofman a utilisé un test sanguin issu de
la recherche française [1], qui isole du sang
tous les types de cellules tumorales, sans perte et en les laissant
intactes. L’équipe a étudié un groupe de 245 personnes sans cancer,
y compris 168 patients à risque de développer ultérieurement un
cancer du poumon car atteints de Bronchopathie Chronique Obstructive
(BPCO). Les participants ont systématiquement subi le test sanguin
et les examens classiques d’imagerie. Via le test sanguin, des
cellules cancéreuses circulantes ont été identifiées chez 5 patients
(3%), alors que l’imagerie ne révélait aucun nodule au niveau
pulmonaire.
Chez ces 5
patients, un nodule est devenu détectable, de 1 à 4 ans après la
détection des cellules cancéreuses circulantes par le test sanguins.
Ils ont été immédiatement opérés et l’analyse effectuée sur le
nodule a confirmé le diagnostic de cancer du poumon. Le suivi d’un
an minimum après chirurgie n’a montré aucun signe de récidive chez
les 5 patients, laissant espérer que le cancer avait été éradiqué.
En parallèle, aucun nodule n’a été détecté dans le suivi des sujets
sans cellules cancéreuses circulantes et aucune cellule cancéreuse
n’a été détectée dans le sang des sujets "contrôle" sans BPCO.
La détection de
ces cellules circulantes via ce test sanguin pourrait jouer un rôle
clé dans la précocité de l’intervention chirurgicale, permettant
ainsi de viser l’éradication précoce de la localisation primitive du
cancer.
Le cancer du
poumon est parmi les plus meurtriers. Selon l’American Cancer
Society (ACS), la survie de ces patients à un an est de 44% et à 5
ans elle est de seulement 16%. Seulement 15% de ces cancers sont
actuellement diagnostiqués à un stade de maladie localisée. Sa
détection précoce pourrait à la fois améliorer la survie des
patients et permettre des économies de santé. La BPCO est la 3ème
cause de décès aux US et sa cause principale est le tabagisme.
[1] Appelé ISET (Isolation by SizE of Tumor cells) et
développé par la compagnie
Rarecells Diagnostics.
Source :
Plos One
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