La moule,
mollusque bivalve bien connu, s'accroche à son substrat au moyen
d'un faisceau de filaments d'une solidité et d'une souplesse
surprenantes, le byssus. Leur analyse révèle leur secret : ils
contiennent du fer !
Une équipe de
chercheurs appartenant aux universités de Chicago et de Californie,
ainsi que de l'Institut Max Planck à Postdam, a entrepris l'analyse
structurelle détaillée des filaments du byssus. Car une énigme
demeurait : si la composition de ces fibres protéiniques secrétées
par la glande byssogène située dans le pied de la moule était déjà
connue, elle n'expliquait pas leur extraordinaire résistance. Il y
avait donc autre chose…
Une nouvelle étude,
effectuée par résonance magnétique nucléaire, spectroscopie Raman et
diffraction aux rayons X, a démontré que la cuticule extérieure des
filaments était non seulement riche en dopa, un acide aminé
particulier très adhésif, mais surtout, était saturée d'ions
ferriques qui leur confèrent leur solidité et leur souplesse. Ces
résultats ont permis aux chercheurs de créer un modèle de cette
structure biologique et de décrire sa distribution singulière en
paquets, des zones denses dues au pontage par le dopa et le fer
donnant la dureté, et des zones moins denses permettant de la rendre
extensible.
Le plus étonnant
est peut-être que cette particularité, sans être connue, a été
utilisée par l'Homme depuis l'antiquité… Car une variété de moule
répandue en Méditerranée, Pinna nobilis, a été exploitée jadis pour
le byssus qu'elle produit et qui servait autrefois de base pour la
confection d'un tissu extrêmement résistant et souple, connu sous le
nom de soie marine, ou laine de poisson. Cette matière, sorte de
soie brune aux reflets dorés, était aussi connue des Phéniciens,
comme l'attestent plusieurs mentions apparaissant dans les sources
écrites médiévales. Elle était aussi récoltée jusqu'au milieu du XXe
siècle dans le golfe de Tarente et en Sardaigne. On utilisait
notamment le byssus pour confectionner des gants, des bonnets, mais
toujours des objets luxueux. Cette production a aujourd'hui disparu.
Mais la mention la
plus surprenante se trouve peut-être dans la description de… l'Arche
d'Alliance, ce coffre précieux censé avoir contenu les Tables de la
Loi vers 1500 av. J-C, et dont on retrouve des équivalents dans
divers récits historiques ou religieux. Selon la légende, les impies
auraient été foudroyés au simple contact de ce coffre précieux et
plusieurs historiens ont émis l'hypothèse qu'il se serait comporté
comme un condensateur qui, se chargeant d'électricité statique,
aurait envoyé une décharge mortelle à travers le corps des
imprudents. David et les Lévites, chargés de la transporter,
auraient quant à eux été revêtus d'un long manteau parcouru de fils
métalliques touchant le sol par où l'énergie pouvait s'écouler. Or,
selon l'ancien testament, les personnes qui transportaient l'Arche
d'Alliance étaient revêtues d'un manteau de byssus, matière
extrêmement précieuse (elle valait plus que son poids d'or), mais
surtout… conductrice de l'électricité !
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