Une telle haute
résolution ne peut être atteinte qu’en utilisant les capacités
offertes grâce à la Grande ligne de Base d’ALMA. Il est ainsi
possible de fournir aux astronomes de nouvelles informations
impossibles à collecter avec un autre équipement – pas même avec le
télescope spatial Hubble. "La logistique et les infrastructures
nécessaires pour positionner les antennes à des emplacements aussi
distants nécessite une coordination des efforts sans précédent par
une équipe internationale d’experts composée d’ingénieurs et de
chercheurs," précise Pierre Cox, le Directeur d’ALMA. "Cette
grande ligne de base remplit pleinement l’un des objectifs
principaux d’ALMA et constitue un événement technologique,
scientifique et en ingénierie considérable."
Les jeunes
étoiles comme HL Tauri sont nées dans des nuages de gaz et de fine
poussière, dans des régions qui se sont effondrées sous les effets
de la gravitation, formant un cœur dense et chaud qui s’enflamme
finalement pour donner naissance à de jeunes étoiles. Ces jeunes
étoiles sont dans un premier temps emmitouflées dans les restes de
gaz et de poussière, restes qui vont former un disque appelé disque
protoplanétaire.
Du fait des
nombreuses collisions, les particules de poussière vont
s’agglomérer, grossissant pour atteindre la taille de grains de
sable et de cailloux. En fin de compte, astéroïdes, comètes et même
des planètes peuvent se former dans le disque. Les jeunes planètes
vont perturber le disque et créer des anneaux, des interstices et
des trous comme ceux que l’on voit dans les structures que vient
d’observer ALMA [3].
L’étude de ces
disques protoplanétaires est essentielle pour notre compréhension du
processus de formation de la Terre dans le Système Solaire.
L’observation des premiers stades de la formation planétaire autour
de HL Tauri devrait nous montrer comment notre propre système
planétaire devait être il y a plus de quatre milliards d’années, au
moment de sa formation.
"La plupart
de ce que nous connaissons aujourd’hui à propos de la formation
planétaire est basée sur la théorie. Des images avec ce niveau de
détails n’étaient possibles jusqu’à présent que par des simulations
numériques ou des vues d’artistes. Cette image de haute résolution
de l’étoile HL Tauri révèle ce qu’ALMA est capable de réaliser quand
il opère dans sa plus grande configurations et ouvre la voie à une
nouvelle ère pour notre exploration de la formation des étoiles et
des planètes," déclare Tim de Zeeuw, Directeur Général de l’ESO.
Source : ESO
Notes
[1] Depuis septembre 2014, ALMA observe l’Univers en utilisant
sa ligne de base la plus grande, avec des antennes séparées jusqu’à
15 kilomètres. Cette Campagne de Grande Ligne de Base va se
poursuivre jusqu’au 1er décembre 2014. La ligne de base est la
distance qui sépare deux des antennes du réseau. A titre comparatif,
les autres équipements opérant dans les longueurs d’onde
millimétriques disposent d’antennes séparées par un maximum de deux
kilomètres. La ligne de base la plus grande possible avec ALMA est
de 16 kilomètres. Les prochaines observations dans des longueurs
d’onde encore plus petites fourniront des images encore plus
précises.
[2] Les structures sont vues avec une resolution de seulement
cinq fois la distance Terre-Soleil. Cela correspond à une résolution
angulaire d’environ 35 milliarcsecondes – mieux que ce qui est
habituellement obtenu avec le télescope spatial NASA/ESA Hubble.
[3] En lumière visible, HL Tauri est cachée derrière en
enveloppe massive de poussière et de gaz. ALMA observe dans de plus
grandes longueurs d’onde, ce qui lui permet d’étudier les processus
directement au cœur de ce nuage.
PS : article dédié à
tous les Cartographes :-) |