Le low-cost dans
l'Espace n'existe pas. Et n'est pas près d'exister. C'est ce que
révèle un rapport de l'inspecteur général Paul Martin, auditeur
interne et vérificateur comptable de la Nasa, qui vient d'être
publié, rendant problématique la survie même de la Station Spatiale
Internationale (ISS).
Selon
l'inspecteur général, l'agence américaine a largement sous-estimé le
coût de maintien et d'exploitation de l'ISS jusqu'en 2024, et en
particulier le prix de revient des vols d'astronautes vers la
station qui, loin de devenir plus économiques par le biez
d'entreprises privées, risque au contraire d'exploser.
Le mois dernier,
la Nasa a accordé des contrats aux firmes Boeing et Space-X pour un
montant total de 6,8 milliards de dollars afin que les Etats-Unis
soient à nouveau capables de faire voyager leurs astronautes par
leurs propres moyens, au lieu d'acheter des places sur les Soyouz
russes à un tarif de 70 millions de dollars le siège. Mais un rapide
calcul démontre que cette solution serait loin d'être économique,
d'autant qu'une entreprise aussi complexe tient rarement – et pour
ainsi dire jamais – ses promesses en termes de coût, de nombreux
dépassements budgétaires étant à prévoir. Et on imagine très mal la
Nasa se priver de la collaboration d'un partenaire aussi vital pour
de simples raisons de dépassement budgétaire, se condamnant du même
coup à un immobilisme stratégiquement inenvisageable.
La Nasa prévoit
actuellement une augmentation de ses dépenses annuelles sur l'ISS de
3 à 4 milliards de dollars au cours des dix prochaines années, la
partie la plus importante concernant les coûts de transport. Paul
Martin estime que ces chiffres ne sont pas réalistes, car ils
prennent le prix des lancements par Soyouz comme base de référence
pour les vols privés et l'agence américaine est susceptible de
devoir payer à Boeing et Space-X bien plus que ce qu'elle verse à la
Russie pour le même service.
Le tableau
s'assombrit encore si l'on considère les missions de ravitaillement
non habitées. L'Agence spatiale européenne a déjà jeté l'éponge avec
les missions ATV, dont le cinquième exemplaire (Georges Lemaître, en
juillet 2014) était le dernier, tandis que le Japon et la Russie ne
se sont pas encore engagés pour l'après 2020.
Enfin, si
l'intérêt scientifique de la station est réel, tous les efforts pour
attirer des fonds de recherche privés ont été vains. En cause, les
restrictions qui accordent les droits de brevets des Etats-Unis pour
toute découverte ou expérimentation effectuée sur la station
spatiale, qui rebutent les entreprises privées comme l'industrie
pharmaceutique dans laquelle se fondaient beaucoup d'espoirs, tandis
que la Nasa elle-même tente vainement depuis plusieurs années de
convaincre le Congrès de modifier la législation afin que les
entreprises puissent conserver leurs propres brevets.
Télécharger le rapport en version pdf
Sources : Nasa,
NewScientist
|